Off With Their Heads!
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 Songes D'une Nuit d'Eté.

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Adam J. Madden
Adam J. Madden

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MessageSujet: Songes D'une Nuit d'Eté.   Songes D'une Nuit d'Eté. EmptyJeu 2 Aoû - 17:16

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Alice & Adam


Soleil haut dans le ciel. Oiseaux gazouillant dans les arbres. Les papillons, fais de tranches de brioches beurrées, viennent jusqu’à butiner les jolis boutons de fleurs de thé. En somme une journée d’été parfaitement normale au pays des merveilles. On s’amuse. On rit. On chanterait presque toute la joie et le bonheur qui accompagne les beaux jours, et on profite du beau soleil pour sortir les beaux, les grands, les plus farfelus des chapeaux. Le soleil est haut dans le ciel. Pour combien de temps ?! Voilà que l’horloge se met à sonner. Une fois. Deux fois. Puis plus rien, mais déjà, rapidement, la lumière décline, l’astre se couche derrière la forêt. Il se cache aux yeux de tous. Et les lanternes s’allument une par une, illuminant petit à petit les chemins du Royaumes du chapelier. Qu’importe la nuit, l’amusement est toujours présent. Qui sait combien de temps la lune gardera sa place dans le ciel ? Mais, même si l’on s’amuse, on se met à bailler, puis le sommeil gagne les sujets du royaume, alors on rit encore, on s’égare encore, mais moins. On se presse pour rentrer chez soi, pour regagner sa demeure et se glisser dans ses draps, même si ce n’est que pour une petite minute, ou alors pour trois jours, ça n’a pas d’importance. L’horloge a appeler la nuit, et la nuit, on dort… C’est aussi simple que ça.
Pourtant, dans la plus pure des obscurités raisonne encore le con d’une canne sur les pavés blancs. On se déplace, lentement mais surement. Nulle fatigue n’est trahit sur son visage. Et comme échappant aux règles élémentaires du temps, le chapelier se promène. Peu lui importe les règles qu’il ne dicte pas, qu’importe celle du temps, le chapelier ne se fit qu’à lui et ne se plie qu’à la volonté… Cette nuit, comme de nombreuses autres, il a pris le parti de gouter à la fraicheur des lieux. Il marche lentement, se muant dans l’obscurité, parfois jouant avec l’obscurité, allumant quelques lanternes, en éteignant d’autres. Son ombre grandit. Son ombre rapetisse. Et parfois disparait comme vexée par les folies de son propriétaire.

Mais qu’importe ? Tout cela ne touche pas notre chapelier qui d’une main retient son haut de forme et de l’autre fait tourner sa canne au rythme de ses pas. Il se délecte de sa solitude. De ce calme. Et de la beauté des paysages qui se dessinent face à lui. La pénombre rend tout si mystérieux, et même les formes des murs du labyrinthe semblent se jouer de lui. Ce ne sont là que des jeux d’ombres, rien d’autre que des jeux qui plairaient à coup sûr au chat. Mais, il n’est pas comme ça, ce n’est pas si souvent que l’on peut surprendre le chapelier dans un calme relatif. C’est si rare de le voir esquisser un sourire, et non pas cette grimace désagréable qui vous fait craindre le pire. Pourtant il n’y a personne. Absolument personne pour gouter à la rareté de la situation. Juste lui et lui seul.
Il n’y a alors que lui pour veiller sur le bien être de ces sujets. Et on douterait presque de nature si on le voyait retirer la veste de son costume sombre pour recouvrir une enfant qui s’est endormie sur un des bancs du labyrinthe. Nulle ne sait combien de temps va durer la nuit, mais celles-ci sont si fraiches. Trop pour que les enfants restent ainsi à grelotter dans la froideur de la nuit. C’est un geste adorable qui ne lui sied pas. Qu’importe, personne ne le saura, gardant ainsi pour lui le secret de ces balades nocturnes. Gardant pour lui ces moments si rares de bontés passagères. Pour les enfants. Juste pour les enfants, vous dirait il, ils sont encore si jeunes et ne demandent encore qu’à être modelé, à suivre le chemin qu’on leur montrera. Ils sont de parfaites petites choses, de jolis petits agneaux à qui il prend soin de montrer le chemin.

Au détour du labyrinthe, il se perd, pas vraiment sans le vouloir, pas vraiment sans le chercher, il cesse juste de penser à son chemin pour s’enfoncer un peu plus dans les profondeurs de ces lieux. Le chapelier ne peut pas vraiment se perdre dans son propre labyrinthe. Le chapelier sait toujours où il se trouve, mais il se prend au jeu. Il s’amuse de sa solitude, et s’avance petit à petit, continuant à allumer les lanternes, abandonnant son chapeau, puis sa canne, perdant presque son identité de chapelier alors qu’il s’éprend d’un peu de liberté. Depuis combien de temps n’a-t-il pas dépensé un peu de son précieux temps de cette façon ? A ne rien faire du tout ?! Pas même de complot, pas même de manipulations, juste le néant. Un néant presque palpable, alors qu’il souffle la flamme d’une de ces allumettes.
Malheureusement, malgré la nuit, on se fait toujours un plaisir de vous rappeler que vous faites partie du jeu, que vous êtes d’ailleurs un membre important du jeu. La volonté est ainsi faite. Elle n’aime pas le vide, elle n’aime pas voir ces jouets seuls, et s’amusent ainsi à placer des obstacles sur leur chemin. C’est peut-être pour cette raison qu’il n’est pas vraiment étonné d’entendre des pas se mettre à raisonner au sein du labyrinthe. Juste une personne dont les chaussures claquent sur les pavés. Il pourrait râler. Il pourrait même jurer de voir sa tranquillité ainsi réduite à néant. Mais il n’en fait rien, parce qu’au fond il sait. Oui, il sait que ça ne peut pas être un péquin moyen qui se balade en ce moment même entre les murs d’herbes, alors il se contente d’avancer vers le prochain palier du labyrinthe.
Là. Il y trouve un banc de bois sur lequel il s’assoit. Il n’y a rien d’autre qu’un banc perdu sous peut être une centaine de lanternes, toutes de couleurs différentes. Certaines allumées, d’autres dont la flamme se meure, toutes accrochées à un énorme théier du pays des merveilles. Les fleurs sont ouvertes et dégage ce parfum si entêtant dont il s’enivre. Il goute à cela en écoutant attentivement le son de ces pas qui s’approchent. Il attend calmement assis sur ce banc de bois noueux.


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Alice P. Liddell
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MessageSujet: Re: Songes D'une Nuit d'Eté.   Songes D'une Nuit d'Eté. EmptyVen 3 Aoû - 17:27

The Faint Reflection Of Stars by [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] on Grooveshark
Lune basse dans les cieux. Lucioles qui jouent à cache-cache derrière les feuilles. Le vent dans les cheveux, la jeune femme perdait le bleu de son regard dans la multitude d'astres au-dessus de sa tête. De temps à autre, ses pieds rencontraient une racine; elle manquait de peu la chute en battant l'air de ses ailes imaginaires. Deux minutes. Déjà deux minutes, et elle ne dormait pas. Elle gardait les yeux rivés sur l'horizon, chantonnait dans un murmure. Même après presque un siècle, le temps saccadé du pays des merveilles ne semblait avoir aucune emprise sur l'étrangère. Tout juste si elle avait mis de côté les vingt-quatre heures d'une journée. A moins que ça n'en fusse trois ? Clap. Clap, clap. Les dalles se faisaient pierres, les pierres grand tapis de verre. Et qu'il lui prenne la lubie de regarder la pointe de ses pieds qu'elle se découvrait sur de la terre. Une main arachnéenne tendue aux étoiles, et déjà elle avait tout effacé de son précédent intérêt. Cela faisait des années, maintenant. Des années qu'elle avait oublié comment se soucier de la réalité. Quoiqu'au vu de l'écoulement temporel, ça pouvait tout aussi bien dater d'hier. Mais ne lui avait-on pas dit un jour qu'en étant demain, hier était plus lointain ? A cette pensée, un fin sourire s'étira sur le minois lunaire. En vérité, Alice n'avait rien perdu de sa logique d'enfant, l'ayant juste revêtue de la nuance d'une vision plus douce et poétique. Le pas de la rêveuse se fit lent, profiteur. Un léger bruit de taffetas accompagnait ses mouvements, discret rappel de la longue robe bleu nuit qui enserrait sa fine silhouette. La coupe était simple, de taille empire, ses épaules nues frôlées par quelques boucles d'or pâle. Sans exagération, se contentant de s'abandonner à la grâce de sa porteuse pour mieux briller. Elle lui ramenait à l'esprit l'image de sa mère, sa mère et sa beauté subtile. Tour à tour, des lanternes s'allumèrent sur son passage. Sans prévenir, l'une ou l'autre s'éteignait presque aussitôt dans son dos.

Et d'un coup, la belle se retourna. Faisant claquer le tissu de sa tenue contre ses chevilles. Écarquillant les yeux avec une amusante surprise. Revenue à l'ère de la pensée, l'élue prit une profonde respiration et porta ses doigts tremblants à l'emplacement de son cœur. De droite et de gauche s'étiraient des chemins à peine dépassés; son arrière précédemment devant conduisait sur un cul de sac. Perdue. Elle était perdue au sein d'un lieu qu'elle n'avait jamais pensé revoir. Ou tout du moins, pas si tôt. Le Royaume du Thé, son labyrinthe, ses arbres parfumés, sa folie à fleur de peau... Le mystère de ses Chapeliers. Certes, sur l'instant, seul le côté labyrinthique occupait son esprit, mais quelque part sous la surface résidait le souvenir des hommes qu'elle y avait connu. Cela faisait longtemps, même pour le Wonderland, que la passe-partout n'avait posé les pieds ici. Elle y avait rencontré le premier Chapelier, représentant également la toute première figure à disparaître de son monde au bout de quelques années; à croire que la volonté se lassait aisément. Le second avait été mis à mort par un troisième gai luron qui, en ayant tôt fait de prendre sa place, n'avait pourtant pas fait long feu de par le manque de satisfaction procuré par son rôle. Interdite, l'éthérée créature fit quelques pas supplémentaires sur les lieux de sa mémoire. Un seul se transformait en deux, et deux en trois. Les murs se jouaient d'elle, semblant se mouvoir au gré de leur propre fantaisie. Ce n'était que le fait de jeux d'ombres, mais la pénombre et les réminiscences parvenaient à rendre à cet univers sa mystérieuse cruauté. Qu'une branche grince sous le vent, et c'est à peine si Alice ne voyait pas des griffes s'accrocher dans ses boucles sauvages. Se rappeler des pertes consécutives qui l'avaient poussée à se tenir loin de ce sol n'arrangeait en rien le frisson qui parcourait sa colonne vertébrale. Son souffle se perdait presque autant qu'elle, et le bref instant de panique disparut comme la flamme d'une bougie quand enfin la lumière des chemins balisés retrouva sa place dans ses yeux. La Liddell n'avait pas peur, mais aurait été incapable de se dire rassurée pour autant. Elle ignorait qui régnait à présent sur ces terres, bien qu'elle ne doutait pas de l'apprendre sous peu. Malgré l'apparent non-sens du pays des merveilles, rien n'arrivait jamais par hasard. Les chemins sinueux avaient toujours tôt fait de se transformer en raccourcis vers l'emplacement de son destin, qu'importe la distance initiale.

Le battement affolé dans sa poitrine s'apaisait, petit à petit. D'au loin lui parvenait le chant de quelques oiseaux égarés, déjà prêt à mourir sous un rayon de lune. A portée d'ouïe, le son étouffé de chaussures sur le sol; celles de quelqu'un d'autre puisqu'elle venait de s'arrêter un court instant pour tendre l'oreille avant de se décider à tourner le coin d'un mur végétal comme le silence retombait. D'ici, elle distinguait parfaitement l'odeur entêtante des feuilles de thé. La silhouette imposante d'un théier se dessinait à travers les quelques feuilles qui masquaient encore son chemin, glissant son ombre jusqu'à la pointe de ses orteils. Doucement, Alice s'avança, portant une main à la verdure qui faisait obstacle entre elle et la vue... Puis oublia de respirer. Le spectacle était saisissant. Enchanteur. Un joli banc de bois reposait paisiblement sous les lueurs multicolores d'une centaine de lanternes, toutes accrochées aux lourdes branches de l'arbre sus-cité. L'ambiance tamisée éclairait néanmoins les alentours sur quelques mètres, révélant de-ci de-là quelques touffes d'une herbe bleue tâchée d'une multitude de fleurs minuscules. Ces dernières faisaient d'ailleurs un écho plus que flatteur à celles, plus grandes, qui s'épanouissaient entre les feuilles du végétal. Et au milieu de ce paysage envoûtant, un homme. Seul. Tout aussi fascinant. Qui regardait droit vers elle sans paraître troublé de la découvrir là. C'est à ce moment qu'elle décida de quitter son point d'observation, contournant le dernier pan de labyrinthe à la séparer de celui qu'elle devait de toute évidence rencontrer. Quel étrange rendez-vous que celui dicté par la volonté !

Vous ne dormez pas, se contenta-t-elle de dire en s'approchant du banc.

Une fois située du côté le plus éloigné de l'inconnu, l'élue originelle se pencha doucement pour effleurer le bois noueux du bout des doigts. La caresse en était sensuelle, son expression étrangement émerveillée. Un observateur extérieur aurait pu se demander, sans qu'on le blâme, ce qu'elle pouvait bien trouver à cet objet pourtant si banal; elle-même ne le savait pas vraiment. Elle trouvait juste que les ruisseaux de lumière qui courraient dans ses nervures lui donnaient une beauté quasiment irréelle. Un peu trop pour s'y asseoir sans y être invitée, bien qu'elle ne fut pas certaine sur le moment d'attendre l'autorisation du brun ou celle du banc. Relevant un regard vibrant de curiosité sur le premier des deux, Alice pencha la tête. Comme un chaton réclamant une caresse, une enfant réclamant une réponse pas encore posée. Sans même l'avoir jamais entendue, la voix de son compagnon d'une nuit lui manquait déjà.

Je vous dérange peut-être... chuchota-t-elle d'une voix incertaine.

Sans vraiment le vouloir, sans vraiment s'en rendre compte. Cette phrase, elle l'avait pensée avant même de la dire. A moins qu'elle l'ait dite avant de la penser ? En tout cas, il semblait évident qu'elle n'avait pas conscience de son échappée entre ses lèvres roses.
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Adam J. Madden
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MessageSujet: Re: Songes D'une Nuit d'Eté.   Songes D'une Nuit d'Eté. EmptySam 4 Aoû - 11:05

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Alice & Adam


S’asseoir. Attendre. Gouter au silence. S’enivrer des essences. C’est quelque chose qui peut sembler si simple, mais qui peut vraiment se vanter de s’être un jour poser sur un banc pour ne rien faire d’autre qu’attendre que le temps passe en admirant un paysage aussi féérique que celui-ci ? Pas grand monde, on ne s’extasie pas des grandes choses et de la nature exceptionnelle de certains détails. C’est peut être ça qui rend le pays des merveilles si merveilleux, sa propension à vous faire comprendre que même les choses les plus anodines peuvent être captivantes si l’on y porte ne serait-ce qu’un tout petit peu d’attention. Un regard. Un simple regard semble toujours pouvoir suffire.
Alors son regard se perd dans ce ciel de lampions suspendus, alors que son esprit quant à lui reste captivé par ce bruit de pas qui se fait entendre. La curiosité est plus forte, et même si la lumière colorée qui lui sert de toit s’avère être magnifique, une vague déferlante d’impatience le submerge. Qui est ce ? Que ce passera t’il ?! Sera-t-il déçu ? Il n’en sait rien. Il n’aime pas ne pas savoir, mais il garde cette apparence imperturbable qui fait qu’on le craint autant pour sa folie que pour sa froideur apparente. Mais là, assis sur son banc, sans sa jaquette, sans son chapeau, et ayant abandonné sa canne au détour d’un méandre du labyrinthe, il ne ressemble pas tellement à celui qui gère tout d’une main de fer. Il transpirerait presque d’une étrange normalité, et réussirait à ce faire passer pour un de ces sujets endormis, s’il n’avait pas cette vilaine manie de rester éveillé. Alors les doutes ne sont que peu permis, et peu nombreux sont ceux qui ne connaissent pas son identité, parce qu’après tout il n’est pas n’importe qui.
Et on ne peut dès lors pas faire n’importe quoi. On ne fait, d’ailleurs, pas n’importe quoi au Royaume du thé. Surtout depuis qu’il a pris le rôle du chapelier, abandonnant son vilain costume de clown triste et noir. Tout y est régenté, planifié, et merveilleusement mené à la baguette dans une apparence presque parfaite de liberté. Ne dit-on pas que la liberté des uns s’arrête là où celle des autres commençait, dans son cas, lui avait toutes les libertés et les autres ne faisaient qu’obéir. Point. Cela ne faisait pas pour autant de lui un mauvais régent, au contraire, il avait remis sur pied un Royaume du thé en ruine aussi bien architecturalement parlant que humainement.

Mais qu’importe. Le charme venait de se rompre. Il avait baissé les yeux alors qu’au coin d’une taupière s’était dessinée quelques jolies mèches de soleils qui brillaient de mille feux sous la lumière des lanternes. Un sourcil arqué, il se pencherait presque pour pouvoir y voir mieux, mais c’est avec une maitrise sans bornes qu’il garde sa place. Il ne bouge pas d’un millimètre, sans pour autant lâcher des yeux ce coin un peu assombrit d’où se détache une silhouette. L’ombre se dessine bien avant que son propriétaire ne se fasse voir. Elle ne cesse de danser de son reflet obscur sur les murs vers des lieux. Qui est ce ? L’attente est grande. Il peut le sentir jusqu’au fond de lui, trouble immense, ce pincement à l’estomac, il souhaiterait presque que le temps s’accélère. Mais le temps dans sa facétie naturelle prend tout son temps, il se moque de nous, s’amuse de nos attentes et de nos envies. Pas même le chapelier ne peut s’y soustraire. Après tout, il se soustrait déjà à bien assez de choses !
Puis les choses se déterminent, il craint pendant quelques instants la désillusion, un réveil éphémère de la part d’un insignifiant, mais il pourrait relâcher tant de pression en découvrant l’impensable. Voilà donc que ce promène la première élue du pays des merveilles. Elle ne se promène pas n’importe où, juste sur son territoire. Il ne l’avait jamais vu auparavant, elle ne le connait pas non plus, et pourtant, c’est une chose étrange que de savoir au simple coup d’œil qui se trouve devant vous. Alice faisait un peu partie des meubles du pays des merveilles, et elle n’échappait pas à une espèce de mémoire commune. Une légende que tout le monde connaissait et dont on vous avait abreuvé depuis votre plus tendre jeunesse.
Pourtant, il fut surprit. Même très surpris de la voir bien plus âgée que ce qu’on lui avait dit, bien plus âgée que les gravures et les portraits qu’il avait pu voir dans les bouquins de sa bibliothèque. Elle n’avait plus rien à voir avec la petite fille que l’un de ces prédécesseurs avait eu le plaisir de rencontrer, c’était à présente une jeune femme d’un peu moins d’un siècle. Plutôt jolie. Même très jolie avec un réelle fraicheur dont il se serait bien satisfait.

Pourtant pas un mot ne vient franchir la surface de ces fines lèvres. Il se contente d’offrir un de ces sourires, qui sans être artificiels, et si l’on sait l’entrevoir, révèle toute l’ampleur du personnage. Le chapelier est fou, on le sait, mais il est surtout prit d’une folie dévorante quand il s’agit d’Alice. Cela fait si longtemps… Si longtemps qu’il souhaitait la rencontrer, la toucher, la posséder. C’est un mélange d’excitation, et à la fois de peur. Une frayeur incongrue… Et si elle se cassait dès qu’il la touchait ? Et si elle se fissurait dès qu’il parfait ?! Ça n’a pas de sens, mais rien n’a de sens en ce monde alors pourquoi ne s’en accommoderait-il pas ?! Alors au final, il n’a pas le choix, il se délecte de chacun de ses mouvements et de son enthousiasme naissant vis-à-vis des éléments qui peuplent les décors. Il suit ses doigts, sa taille, le moindre mouvement de ses cheveux, et revient de sa rêverie par le son de sa voix.
Que donnerait-il pour pouvoir poser son oreille sur sa poitrine ? Que pourrait-il vendre pour pouvoir entendre les battements de son cœur ? « Vous ne me dérangez pas. J’étais juste terriblement charmé par votre présence. ». Peut un peu direct non ?! Peut-être pas… Après tout, ces mots ont le mérite d’être vrai, ce n’est pas si souvent que cela que l’on peut entendre le chapelier cesser de jouer au maître menteur pour vous offrir sourire charmant et douces œillades. « Mais c’est à mon tour de vous demander ce que vous faites là, douce Alice. Ce n’est pas tous les jours que l’on a l’honneur de vous rencontrer au royaume du thé. ».De mémoire de dernier chapelier, cela faisait bien des années qu’elle n’y avait pas mis les pieds, et tout le monde savait aussi au pays des merveilles que rien n’était sujet à coïncidence mais tout n’était que choses écrites pas la volonté.
Sans crier gare. Sans la lâcher de ces grands yeux gris. Il se remet sur ses longues jambes. Pas un mot, pas un seul autre mot, alors qu’il lève les bras au ciel pour enfouir ses mains entre les lanternes et dans le feuillage épais du théier merveilleux. Il semble farfouiller un peu, il pousse et repousse les branches, bientôt sur la pointe des pieds, et d’un sourire, plus grand, plus éclatant, il informe le monde qu’il a trouvé ce qu’il cherchait. On entend un petit « crack », puis il sort de là une fleur bien plus grosse que les autres. Blanche. Parfait contraste avec l’obscurité ambiante des lieux. Le chapelier sans chapeau se retourne alors vers Alice, la si belle Alice, et rompt avec les principes de bienséances. Il brise les barrières, un peu plus, peut-être un peu trop, alors qu’il glisse la tige de la fleur dans les cheveux doré de la jeune femme. « C’est parfait. ». Puis sans mot dire il s’éloigne de quelques pas, ce sourire charmant toujours accroché à ces lèvres.



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